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Des feuilles d’épinard transformées en tissu cardiaque

le 29/03/2017

Popeye avait tout compris. Les épinards sont l’avenir de la médecine. C’est en tout cas le pari de l’Institut Polytechnique de Worcester (Etats-Unis). Pas question, ici, d’engloutir des boîtes entières pour sauver sa promise. Il y a tout de même une histoire de muscles dans l’affaire. La plante potagère pourrait, en effet, s’avérer très utile pour développer des tissus cardiaques destinés à être greffés. Les premiers test, effectués en laboratoires, sont concluants d’après l’étude parue dans Biomaterials.

Un détergent avant les cellules

La régénération de tissus humains, après un infarctus du myocarde par exemple, est une approche en développement dans de nombreux pays. Mais recréer ces tissus et leur système vasculaire pose problème. Même avec l’impression 3D, il est pour le moment impossible de produire un réseau suffisant qui se prolonge jusqu’aux capillaires. C’est pourtant la condition sine qua non d’une telle technique, puisque ces petits vaisseaux sanguins alimentent les cellules en oxygène, nutriments et autres molécules clés.

La solution vient des plantes, selon l’équipe américaine. De l’épinard plus particulièrement. Les feuilles disposent elles aussi d’un système vasculaire. Les chercheurs ont donc « décellularisé » les feuilles en question, à l’aide d’un détergent. L’opération est réussie quand il ne reste du végétal que la cellulose. « C’est un biomatériau bien étudié dans un large panel d’applications cliniques, expliquent les auteurs. La cellulose est biocompatible et favorise la guérison. »

Plusieurs plantes à l'essai

Source : Worcester Polytechnic Institute

Plusieurs plantes à l’essai

Une fois la décellularisation accomplie, reste à remplir cette charpente avec des cellules humaines. Dans ce cas, ce sont des cellules souches dérivées de cardiomyocytes, cellules constitutives du muscle cardiaque. Les scientifiques ont ensuite fait circuler divers fluides et microbilles d’une taille comparable à des cellules dans le système vasculaire de l’épinard. Les mêmes tests ont été réalisés avec des cellules qui tapissent les parois du cœur. Avec succès dans les deux cas.

La preuve de concept est donc établie. « Nous avons encore beaucoup à faire, mais les travaux sont jusqu’ici prometteurs », estime Glenn Gaudette. L’objectif est, pour le moment, de développer des tissus musculaires cardiaques qui puissent être greffés à des patients qui ont fait un infarctus.

Mais les chercheurs ont connu le succès avec d’autres plantes : persil, armoise annuelle, arachide… Autant d’espèces qui permettront des applications différentes. « La feuille d’épinard est plus adaptée à un tissu très vascularisé, comme le tissu cardiaque, alors que la structure cylindrique de la racine de l’Impatiens capensis (Impatientes) est plus adaptée à une greffe artérielle », illustre l’étude. Avant de parvenir à ce stade, il faudra quand même optimiser le processus de décellularisation et produire un réseau vasculaire secondaire. L'histoire ne dit pas si cela va réconcilier les personnes fâchées avec les épinards...

Article original publié sur Pourquoi Docteur.